"Impression de Guerre"
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Voici une lettre de Raymond, écrite à ses parents 3 jours après sa blessure... |
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Voici une lettre d'un de ses camarades ... |
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Le 24 Mars 1915
J'ai reçu ta lettre qui m'a fait bien plaisir et ma montré que tu allais maintenant bien. Tant mieux car tu sais je te savais bien blessé car le soir que j'ai été te ramasser avec des copains. Je me suis rendu compte par moi-même que tu avais été atteint comme il faut. Tu souffrais et même tellement que tu as été un moment effondré. Vraiment cette journée était pénible pour nous. plus de la moitié de l'effectif de la section est restée à l'endroit ou tu as été blessé. Cet endroit je le revois de temps en temps et quel souvenir affreux me "vînt" aussitôt. Le lendemain de ce coup les boches "donnaient" l'attaque sur la carrière et était avancés jusqu'a la route 44. Et petit à petit en réagissant nous les avons rejetés presque jusqu'au canal de Loire. Nous sommes vraiment rapprochés d'eux à environ 90 mètres nous avons nos tranchées séparées par des réseaux de fils de fer et il faut ouvrir l'œil. Les balles à cette distance ont une force phénoménale et il faut être prudent. Nous recevons une quantité d'obus mais heureusement "sans" efficacité. Ainsi voilà déjà 2 fois que je me suis trouvé englouti et sans les camarades j'y aurai certainement resté car je manquais déjà d'air. Enfin jusqu'à présent j'ai eu une veine insensée. Je suis à la 1ere section dont le chef est le lieutenant Ruffier , comme camarades il y'a Genêt, "Chézeaux", Gloton, Jéni, Michaux, Varlet, "Hoi?on" et quelques soldats mais comme sergent-Major c'est Moinet je ne sais pas si tu le connais. Les camarades qui m'ont aidés a te ramasser je les ai perdu de vue je ne sais ou ils "ont" passé. disparus. Confie bien le "bonjour " de ma part au sergent-Major "Saussoujé" si tu as l'occasion de le voir. Je finis mon cher Lauze en te serrant cordialement la main.
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Voici une autre lettre d'un de ses camarades de la 6eme Compagnie ... |
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Des Tranchées le 2 Avril 1915
Merci de ta carte, ce qu'elle m'a fait plaisir, surtout que tout comme moi tu es passé pour mort pendant longtemps enfin l'essentiel c'est que tu t'en soit tiré, Dit moi dans ta prochaine missive si tu te ressens encore de ta blessure. J'avais été touché dans le dos par un éclat d'obus, immédiatement j'ai craché le sang et eu la respiration coupée, comme j'avais encore les jambes de bonnes j'ai pu après bien des efforts partir seul, j'ai fait un mois d'hôpital au Mans, 17jour de convalescence et le 23 Novembre je retournais sur le front au 119eme, là j'ai pu aller au 74eme ou j'ai retrouvé les copains qui ont "..nom." Bisson, Reuchet,Blondel,Zeni,Michaud,Girondeau,Monnois,Maurichart et des copains encore tel que Gloton, Genot,Coulon,Atiran,Vingtrois et certainement j'en passe, ce que j'étais heureux de revoir tout ce monde, tu sais ça fait plaisir. Billard a été blessé il y'a une quinzaine d'une balle a la cuisse blessure légère, depuis ce temps, c'est Vingtrois qui est mon chef de section, tu parles d'un type charmants, encore plus chic qu'a la caserne. Maintenant la guerre a beaucoup changé, nous sommes terrés comme des lapin et nous n'en sortons que la nuit et encore se méfier car nos tranchées sont a 80 mètres des Boches, ce matin sans doute pour fêter l'anniversaire de Bitmark ils nous ont bombardé de façon magistrale, j'ai été obliger de quitter mon gourbi tellement que ça tombais autour, il y eut trois blessés mais pas de la Compagnie, comme je te dis, jamais ils ne bombardent tant que ça. Alors l'on assure quatre jours de service des tranchées et quatre jours de repos. Nous occupons un secteur à environ 400 mètres à gauche de l'endroit ou tu as été blessé et sur la même ligne, donc tu peux voir que nous n'avons pas beaucoup progressé et nous ne nous en faisons pas, tant que nous pouvons nous amuser nous n'hésitons pas à le faire. Dans l'attente du plaisir de te lire, crois mon cher ami à ma sincère amitié, j'ai transmis ton bonjour aux copains et ils m'ont chargé de la réciprocité de tes souhaits. Cordiale poignée de main.
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Emile Chézaud, l'auteur de cette lettre à mon arrière-grand-père, est né en 1893 (comme Raymond) ; il passa lieutenant puis fut tué, le 20 juillet 1918, à Billy-sur-Ourcq, toujours au sein du 74e R.I. 6ème Compagnie... .. Emile avait un frère. Ce frère, Gaston Chézaud, né en 1896, arriva au front à son tour, avec la classe 1916, le 6 septembre 1916. Il fut affecté au 74e R.I. , à la 6e Compagnie... Il a donc combattu au cotés de son frère jusqu'à son décès... Gaston Chézaud s'en est sorti de cette guerre ; il est décédé le 26 novembre 1975, et fut inhumé à Combs-la-Ville. (Raymond Lauze est décédé en 1973 ; ils avaient donc tous les deux 80 ans à leur décès...) |
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Pour les noms cités dans cette lettre, voici les informations connues: |
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Mr Bisson : tué le 26 septembre 1915, à Neuville-Saint-Vaast ; |
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Mr Monnois : tué le 22 mai 1916, à Douaumont ; |
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Mr Gloton : tué le 22 mai 1916 à Douaumont ; |
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Mr Vingt-Trois : tué le 20 mai 1916 à Douaumont. |
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Merci à Mr Stéphan Agosto (agosto1@tiscali.fr) pour toutes ces précisions sur l'auteur et les noms cités dans cette lettre :-) |